itineraire mis-a-jour le 25/12/2011, 26 100 km parcourus

lundi 6 juin 2011

Les maisons tibétaines

Notre passage au Sichuan tire à sa fin. Nous sommes tous les deux d'accord pour dire qu'il s'agit de la région la plus fantastique que nous ayons visité jusqu'à maintenant. Il est vrai que le Sichuan a des panoramas spectaculaires à offrir mais elle a aussi une richesse culturelle inégalée. Chaque petit village a son dialecte, ses traditions et un style architectural qui lui est propre. En plus, ces villages sont situés au coeur de paysages qui leur sont uniques.

Les maisons sont un exemple frappant de cette diversité culturelle. Parfois d'un étage, parfois de trois, en adobe ou en pierres taillées, elles sont à la fois superbes et adaptées à leur environnement. Sur les photos qui suivent, vous remarquerez les motifs sur les frises et les fenêtres, uniques pour chaque village. Si ces maisons sont très différentes d'un village à l'autre, quelques similitudes persistent à travers le territoire. Elles sont toutes protégées par un muret qui délimite la cour intérieure, elles sont toutes ouvertes vers le Sud et surtout, elles sont faites avec le plus grand soin, autant l'intérieur que l'extérieur. Voici un apercu des maisons du Sichuan.

Village près de la frontière Yunnaise








"Face nord presque aveugle"


"L'intérieur d'un restaurant"

Hôtel à Xiangcheng





Sangdui


A 4 000 mètres d'altitude, les maisons sont basses, protégées contre les vents. L'abode blanc fait place à la pierre des montagnes environnantes, plus sombre et captant donc plus la chaleur du soleil. Il y a également beaucoup moins d'ouvertures.

"Murs composés de grosses et de petites pierres suivant toujours la même composition; 1 grosse, 3 petites"

"Les maisons en pierres locales se fondent dans le paysage"

En bas de Tu'er Shan


Des maisons très fenestrées sont caractéristiques dans cette vallée chaude. La pierre locale est encore utilisée, ici plus orangée qu'à Sangdui. Les frises sont toutes identiques au sein d'un même village.



La vallée au Sud de Tagong



Des maisons immenses peuvent accueillir des dizaines de personnes. Dans cette région, les boiseries sont de vraies oeuvres d'art.



"Chambre à Tagong"

Bamei


Des maisons qui se distinguent entre autres par les murets de pierres blanches et par des deuxième étages très fenestrés et possédant de grandes vérandas.




"Toutes orientées vers le Sud"

Vallée de Damba

"Encore en pierres locales, les petites cornes blanches sont communes à la région"

"30 km plus loin, les mêmes cornes blanches sont visibles mais avec des motifs de frise différents"

"10 km plus loin, encore les cornes blanches mais une maison aux formes très différentes"

Rencontres sur les routes du Sichuan


En écrivant le blogue, je dois parfois laisser tomber des histoires de rencontres et des descriptions de gens afin de garder chaque texte d'une longueur raisonnable. Pourtant, ce sont ces rencontres qui nous restent le plus en mémoire. Voici donc mes oubliés qui ne sont pas, après tout, oubliés.

Les Tibétains
Oubliez le stéréotype du chinois petit et au visage rond. Vous êtes dans le Kham ici dans lequel vivent des tibétains plus grands que vous, le menton fort et les yeux perçants qui apparaissent juste sous le rebord de leurs chapeaux de cowboy . Ce sont des gens tout droit sortis du Far West qui viennent s'asseoir avec vous auprès du feu, cigarette serrée entre leurs dents, le chapeau calé sur leur tête, se frottant les mains au-dessus du poêle pour les réchauffer.



Ceux qui roulent
Sur les routes du Sichuan, il y a nous, des tibétains qui se les gèlent sur leur moto, des camions qui soulèvent la poussière derrière eux et des jeeps de location conduites par des touristes chinois de Guanzhou ou de Shanghai. Ces derniers sont les plus dérangeants. Se croyant grands explorateurs ou pilotes au rallye Paris-Dakar, ils conduisent comme des pieds, roulant deux fois trop vite, klaxonnant chaque yak sur leur chemin, doublant deux camions à la fois dans les courbes. Et tout cela s'effectue en gardant les clignotants allumés en permanence et en avalant un Red Bull après l'autre (dont les cannes vides sont inévitablement jetés par la fenêtre). Des Hans de la ville qui s'éclatent au volant de leur bolide comme des adolescents en crise d'hormones pendant que leurs femmes, assises à côté d'eux, sont lasses de regarder les paysages qui défilent trop rapidement pour pouvoir les admirer.

"Pas chaud au sommet du mont Haizi"

Sur la 318, il y a aussi un nombre incroyable de cyclistes chinois mal équipés, parfois marchant à côté de leur vélo. La plupart sont des étudiants de Chengdu ou d'ailleurs se rendant en pélerinage à Lhassa. On croise aussi des retardataires coincés dans des mini-vans, les vélos sur le toit, qui essaient de rattraper leur groupe. Certains jours, plus de 50 cyclistes nous ont croisés, nous demandant a chaque fois pourquoi on ne va pas comme eux vers Lhassa. Les Chinois sont incrédules lorsqu'on leur dit que les étrangers n'ont pas le droit de traverser au Tibet à partir du Sichuan.


Ceux qui marchent
Sont-ils nomades? On ne le sait pas mais ces éleveurs de yaks semblent marcher de grandes distances, escortés par leur bétail, leurs cochons et leurs chiens. Parfois, ils plantent leur tentes pour quelques jours à l'endroit ou ils feront paître leurs bêtes.

"Embouteillage sur la route du mont Kuluke"


"Le camion de déménagement"
Les ouvriers
Les grands travaux chinois, ce sont entre autres des ouvriers isolés dans la nature à travailler tous les jours dans des conditions extrêmes. Un nombre incroyable de ces ouvriers vivent sur le bord des routes sichuanaises, entassés dans des maisons temporaires, parfois vivant carrément sous la tente. Amélie m'a une fois fait remarquer un groupe d'électriciens occupés à passer un ligne dans la montagne. Leur camp était composé de deux tentes donc l'une équipée d'un poêle à bois. Dans l'autre était entassée une centaine de choux et de grosses poches de riz. Plus récemment, au milieu d'une descente glaciale dans la réserve de Wolong, nous avons cherché un endroit pour se réchauffer et avons découvert une dizaine d'ouvriers serrés autour d'un feu de bois humide à l'intérieur d'une minuscule maison de pierre. Lorsque la cuisinière a sonné la soupe, tout le monde a été chercher son bol de riz avec une tranche de lard et deux bouts de chou cuit. Puis, ils sont retournés sur l'accotement reprendre leurs pelles et leurs pioches et tenter de finir cette route balayée par les nuages. Je me demande si la même atmosphère régnait dans les camps de bûcherons du Québec.

"Dans la quasi-noirceur, des ouvriers tassés recherchant la chaleur du feu"

"Travailler dans la montagne"


 Une famille tibétaine
En sortant de Litang, nous avons trouvé refuge pour la nuit chez un Tibétain. Après avoir mangé du "Tsampa" (mélange d'orge, de beurre de yak et de thé) chez sa soeur, nous nous sommes rendus dans sa maison dans laquelle il nous a installé 2 lits à même le sol. Pendant qu'Amélie dort, j'apprends un peu de tibétain avec la mère qui nous prépare le repas sur le feu. Elle a sept enfants. Ici la "One Child Policy" ne s'applique pas. Un de ses garcons fait des va-et-vients constants sur sa moto entre la maison et le village pour aller vendre ces précieux "caterpillar fungus" (voir la description du 19/05/2011 sur Litang), gardés précieusement dans une boite métallique de biscuits francais. Pendant ce temps, le père joue tendrement avec ses deux derniers bambins. En fin de soirée, les deux hommes comptent et recomptent leurs yuans avant d'étendre les peaux de yak sur le sol et de se coucher. Toute la famille dort en cuillère.

"Petits vases bouddhistes que le père chauffe et astique sur le bord du poêle le soir. Puis le matin venu, ils les alignent sur un meuble ou reposent des photos du Dalai Lama et de Mao Tsé Toung avant de les remplir d'eau."

"La petite derniere qui dort au matin"

"La mère après avoir trait les yaks, avoir récolté leurs bouses (on chauffe à la bouse de yak séchée ici) et les avoir mis aux pâturages"



Les quatres peintres du Nord et Mama-Bo
En descendant la gorge entre Tagong et Damba, nous avons été arrêtés par 4 chinois très enthousiastes qui nous ont invité à les rejoindre prendre un bain dans des sources thermales non loin de la route à côté de la rivière. On se baigne nus en rigolant comme des fous avec eux. Mama-Bo, leur hôte, parle sur son cellulaire un peu à l'écart.



Nous aussi, on décide de rester chez Mama-Bo pour la nuit qui habite non loin de là. On regarde un des peintres faire une aquarelle, on montre nos photos et on chante du Félix Leclerc dans la cuisine pendant que Mama-Bo nous cuisine un repas consistant. Tout cela se passe dans une maison typiquement tibétaine située sur le bord de la rivière, juste au pied des montagnes aux sommets enneigés. Pas mal, n'est-ce pas!


Autres rencontres en une photo


 "Un lama de la secte des bonnets jaunes très intéressé par notre livre sur la Chine que j'essaie de lui traduire du mieux que je peux"

"Des femmes tissant des écharpes en poils de yak"

"Un des nombreux curieux attirés par notre tente et qui restent plantés là pendant des heures à étudier ce qui se passe à l'intérieur"

"Amélie qui triche pour monter une cote pendant que j'ai le dos tourné, aidée par des enfants"

"Une mère et ses enfants dans les pâturages de Tagong surveillant leurs yaks"

05/06/11 Wolong et la route qui a tremblé

En quittant Rilong, la route monte spectaculairement jusqu'à un col situé à 4 500 m, surplombé par le mont Siguinian (6 250 m - deuxième plus haut sommet du Sichuan) et par de nombreux pics enneigés. Mais de tous ces merveilleux paysages, nous ne verrons absolument rien, pris dans des nuages qui se condensent littéralement sur nous.



Nous avons pris plus ou moins la bonne décision de commencer notre ascension en après-midi car nous atteignons le sommet à 20h00, dans la pénombre et les nuages. Il fait aussi super froid et on a les doigts et les pieds gelés. On essaie de descendre mais je vois même pas Amélie à 10 mètres de moi à cause du brouillard. On décide alors de camper au sommet. Une nuit insolite au cours de laquelle la tente est balayée par les nuages.


Au matin, on réalise que nous nous sommes abrités au pied d'un monument entouré de falaises  escarpées.


On voit toujours sous nos yeux rien d'autre qu'une valse de nuages avec un bout de montagne qui apparaît par-ci par-là. En descendant, la torture des mains et des pieds gelés recommence. On cherche à se réchauffer dans un camp d'ouvriers dans lequel la cuisinière essaie de me faire payer 50 yuans pour un bol de riz. Avec mon super mandarin, je lui fais comprendre que c'est la première personne en 3 mois en Chine qui essaie de m'escroquer. Elle me redonne mes 50 yuans et on se tire. En continuant la descente, les nuages retournent au-dessus de nos têtes au lieu d'être sous  nous. Les nuages et les montagnes semblent danser ensemble dans la vallée.





Notre passage dans la réserve nationale de Wolong (hôte de pandas) nous pousse à remettre en question la signification de "réserve" pour les Chinois. On y voit des camps de travailleurs, des mines à même les rivières et de grandes plantations de choux.

Pour sortir de la réserve, il faut traverser une route qui démontre bien les dommages subits lors du terrible tremblement de terre qui a frappé la région en 2008. Un peu partout, les falaises se sont affaissées dans la vallée, bloquant la route, détruisant les tunnels et obstruant la rivière au point de la faire déborder. C'est le chaos. On comprend maintenant pourquoi il y avait si peu de circulation dans la réserve et à l'approche de celle-ci.




Après 4 heures à pousser sur nos vélos, on arrive à Yinxiu, une ville située en plein sur l'épicentre du tremblement de terre de 2008.  Le gouvernement chinois a mis le paquet pour reconstruire et la ville est maintenant transformée en un parc d'attractions pour les chinois avec des bâtiments modernes et des autobus de touristes qui sillonnent les rues.



Le même scénario se répète sur la route vers Songpan. Falaises effondrées, cailloux de plusieurs mètres de diamètre logés au 2ième étage des maisons et villages flambant neufs aux maisons toutes identiques. On trouve aussi que les habitants sont aigris. Peut-être que la manne de touristes sur laquelle le gouvernement avait compté pour donner un second souffle à la région ne s'est jamais manifestée.

"Effondrement de l'autre côté de la rivière sous laquelle est ensevelie l'ancienne autoroute"

"La route vers Songpan, une ascension facile le long d'une rivière"