itineraire mis-a-jour le 25/12/2011, 26 100 km parcourus

jeudi 26 mai 2011

18/05/11 Sangdui à Litang

Il y a certains endroits qui font rêver. Des endroits pour lesquels on fait des pieds et des mains pour s'y rendre. Et une fois rendus, peu importe la beauté qu'on a devant soi, on veut juste que s'en aller. Voilà ce qui décrit bien notre aventure au sommet d'Haizi Shan, un plateau rocailleux de 40 km de longueur, aride, venteux, froid, impressionnant, subjuguant de beauté et absolument hostile à l'être humain. Un endroit ou tous vos sentiments se mêlent. Une sorte de lutte entre l'extase et l'instinct de survie. Partir ou rester. Pour la première fois du voyage, Amélie a eu peur. Peur de ce paysage, peur que cela ne finisse jamais, peur de devoir camper là, peur de mourir de froid. Voici notre passage en sol hostile.

La journée commence bien. De Sangdui, nous voyons Kuluke Shan, étape difficile franchie la veille. 


Nous nous engageons dans une vallée pour finalement déboucher sur le plateau d'Haizi Shan, jadis hôte d'un énorme glacier à 4 500 mètres d'altitude.











Morte de fatigue, Amélie doit s'arrêter. Ce soir, nous allons camper à 4 500 mètres et il va faire froid, très froid. On empile roches et morceaux de toundra sur la tente pour qu'elle conserve la chaleur. Au matin, les tomates, les oeufs et l'eau dans les bouteilles sont gelés. Pour faire la vaisselle du dejeuner, on doit casser le centimètre de glace qui s'est formé sur l'étang dans lequel j'avais puisé l'eau la veille. 

                                          "Notre tente étanchéisée, de la glace sur la toile"

L'aventure se poursuit en montant Tu'er Shan (4 696 m).


                                                    "La route laissée derrière nous"


Puis, on redescent dans des vallées sablonneuses à 4 000 m et broutées par les yaks.





Enfin, nous apercevons Litang au fond d'une vallée, notre objectif des 9 derniers jours. Étrange d'avoir tant convoité une ville affreuse de trois rues constamment prises d'assaut par les cowboys tibétains, les yaks et les cochons. Quand même, quelle aventure que ces 9 derniers jours. Les plus difficiles mais aussi les plus impressionnants de notre vie.  

16/05/11 Kuluke Shan

Il y a 80 km entre Xiangcheng et Sangdui. Mal informés, nous nous attendions à une route facile le long d'une vallée dans laquelle on pourrait engranger des kilomètres sans trop d'efforts. Mais ce qui nous attendait plutôt, c'était l'escalade essoufflante de Kuluke Shan. Voici l'épopée en 12 photos.

"Montée dans la vallée"




"Camper à mi-chemin"


"Réveil sous la neige"






"À plus de 4000 m, chaque coup de pédale est demandant. On cherche son souffle. Impossible de parler et de pédaler en même temps"




"Au sommet à 4 708 mètres et sous la neige"


"Plateau au sommet"

"La descente"

15/05/11 Xiangcheng


Notre guide de voyage écrit en 2008 décrivait Xiangcheng comme une petite ville de campagne chinoise, tranquille, enfouie dans une vallée profonde. Pourtant, trois ans plus tard, nous y avons découvert une ville dynamique, avec des chantiers, un square flambant neuf doté d'écrans géants, des hôtels luxueux, une multitude d'ateliers desquels résonnent les coups de marteaux et le bruit des scies mécaniques jusque tard dans la nuit. Il y a même des discothèques annoncées par des jeux de laser illuminant les trottoirs. Bien loin de l'image que nous pensions trouver d'une petite ville tranquille surplombée d'une lamaserie.  Ce qui est encore plus surprenant, c'est que cette ville est vraiment au milieu de nulle part, à plus de 8 heures d'autobus de Shangri-la par la route de terre que nous avons emprunté et à 200 km de Litang à travers des massifs montagneux de plus de 4000 m d'altitude.



Pour trouver des explications et des raisons à toute cette activité, il faut regarder non pas vers les montagnes mais au creux de la vallée, là ou coule une puissante rivière. On y construit plusieurs barrages hydroélectriques afin d'assouvir la soif en énergie des Chinois. C'est très similaire à la Baie James avec des camps d'ouvriers, des mines, des garages et des routes temporaires. En roulant le long de la rivière, nous comptons 4 barrages en construction mais il doit y en avoir plus. D'après nos informations non confirmées, ces grands changements semblent être le lot de plusieurs communautés dans la région. Le Kham, depuis toujours ignoré à cause de son territoire inaccessible et inhospitalier, est maintenant convoité pour ses ressources naturelles. Des rivières à harnacher et du bois à couper au Sichuan, des minéraux à extraire dans le Qinghai, du pétrole à pomper dans le désert de Taklamaka (on estime qu'il y à cet endroit l'équivalent des réserves en pétrole existantes aux USA). Définitivement, le nord-ouest de la Chine gagne en popularité et en intérêt. Est-ce que ce qui se passe sous nos yeux à Xiangcheng est la preuve qu'il y a en Chine une vraie course aux ressources naturelles?  Au cours des prochains jours, allons-nous être de nouveau témoins d'autres exemples que cette course a bien lieu?


La pancarte sur la gauche annonce "First key positon for fishes proteetion of Xiangcheng power station" avec les fautes en prime. Des "fishes proteetion projects", on en verra quatre comme cela sur la route qui longe la rivière.

15/05/11 Bienvenue au Sichuan

Notre premier matin au Sichuan est glacial. La grêle tombe toujours et Amélie a un mal de tête qui nous gardent au lit. Juste au-dessus de nous, les sommets apparaissent entre les bancs de nuages, couverts de blanc. Il faut attendre au moins à midi pour que le mal de tête, la grêle et les bancs de nuages nous laissent en paix.


"Première vue du Sichuan et notre route (on la voit dans le haut de la photo ci-dessus)"

"Averse dans une vallée escarpée"

                                         "Dernière vue du col menant au Yunnan"

Après quelques kilomètres accrochés aux sommets des montagnes, nous arrivons à un second col, en admiration devant ces énormes chaînes de montagnes qui s'étendent à l'infini, séparées ici et là par des vallées dans lesquelles coulent des torrents d'eau glaciale.



La descente qui s'amorce est très pénible. Avec nos pneus étroits, il faut négocier les nids de poules, les cailloux et les trappes de sable tout en maîtrisant nos vélos qui vibrent et rebondissent avec force. Nous freinons avec tellement de vigueur que nous en avons mal au cou, aux épaules et développons des ampoules aux mains.



"Les camions sont toujours aussi agressants. Nous sommes couverts de poussière"

À la tombée du jour, nous sommes toujours dans le sable, nos corps meurtris comme si nous avions passé dans un broyeur. Les montagnes sont désertiques et après 10 km à chercher de l'eau, j'arrête un camion et le conducteur me donne généreusement les trois-quarts d'une bouteille. C'est tout ce que nous aurons pour la nuit et pour terminer notre descente au matin.On aperçoit enfin des villages au fond de la vallée

"Une route reliant deux villages. Heureusement, celle-ci n'est pas pour nous"

"La fin du calvaire..."


Au village, il faut manger, boire beaucoup et nettoyer nos vélos qui en ont bien  besoin après 70 km de terre et de sable. Tout cela se fait sous le regard des enfants, curieux et ébahis.


Puis, c'est la descente finale mais combien spectaculaire jusqu'à Xiangcheng en longeant constamment des canyons.





Les paysages sont tellement beaux que nous en perdons nos moyens. Subjugués à plusieurs reprises, nous restons plantés là, sur le bord de l'accotement, appareil photo à la main et incapables de quitter ce paysage des yeux. Constatez-le vous-même en regardant les photos ci-dessous.






"Enfin Xiangcheng"