itineraire mis-a-jour le 25/12/2011, 26 100 km parcourus

samedi 9 juillet 2011

04/07/2011 Les plateaux et les lacs du Qinghai

Après deux journées très productives à Xining et une ascension sans histoire, nous revoilà pour une dernière fois sur les grands plateaux tibétains, et cette fois pas sur n'importe quelle route. Nous roulons sur la célèbre Qinghai-Tibet, artère principale liant le Tibet et Lhassa au reste de la Chine sur laquelle  circulent d'innombrables camions.


Nous aurions bien aimé suivre les quelques cyclistes chinois téméraires qui suivent cette route jusqu'au bout, passant d'un plateau à l'autre pour atteindre éventuellement les 5 000 mètres (altitude à laquelle, paraît-il, les maux de tête sont un problème constant), mais ce sera pour une autre fois, lorsque les autorités chinoises le voudront bien. Tant pis pour le Tibet. On lui tourne le dos et fonçons vers le Nord, vers le désert de Taklamakan.  Sur les plateaux à 3 500 mètres d'altitude, nous découvrons des pâturages jaunâtres et des lacs salés dont le Qinghai Hu, le plus grand lac de Chine.



"Chaka"



En route, nous rencontrons Kendra et Rob (http://www.crazyguyonabike.com/doc/SEAchange),  deux Américains du Colorado avec qui nous roulerons une dizaine de jours jusqu'à Dunhuang.



Après un passage dans une vallée près de Wulan, les paysages deviennent de plus en plus désertiques.











"Dépôt de sel"

On traverse un désert de 100 km de largeur, prisonniers entre deux chaînes de montagnes à 2 800 m d'altitude.

 (photo prise par Rob Dillon)

"Vidéo prise en pleine traversée du désert (cliquez sur l'image pour visionner)"




Puis, c'est la grande descente du plateau tibétain jusqu'à Dunhuang, 1 500 m plus bas, entouré par le désert.




Photo prise par Rob Dillon de la descente du plateau tibétain vers Dunhuang

"Dunhuang, ville oasis au milieu des dunes de sable"

 Sous étroite surveillance
L'étape de 12 jours entre Xining et Dunhuang ne fut pas chose facile. Non seulement la région est déserte et désertique (ce qui pose des difficultés au niveau de l'approvisionnement en eau et en nourriture), mais en plus, le territoire au Nord de Wulan est militarisé, sévèrement contrôlé et théoriquement interdit aux étrangers. Pour passer entre les mailles du filet, il nous aura fallu beaucoup de conviction et prendre certains risques. Voici l'histoire que les photos ne racontent pas.

De Ling Ha
En arrivant dans cette ville, nous cherchons un restaurant et un marché pour nous permettre de se réapprovisionner car nous n'avons plus d'eau ni de nourriture. Avant même d'avoir trouvé un resto, la police nous récupère et nous emmène au poste. Après avoir contrôlé nos passeports, ils nous informent que la ville ainsi que la route vers l'Ouest que nous voulons emprunter sont fermées aux étrangers. Ils nous demandent de faire un détour de 2 000 km en passant par Golmud. Il n'y a pas moyen de discuter avec eux. On doit cependant trouver de la nourriture avant de partir de la ville. Finalement, après plusieurs minutes de discussion, ils acceptent de nous escorter. Kendra et moi embarquons dans un fourgon de police et nous ferons ainsi nos achats, escortés par 4 gendarmes.  On quitte la ville sur nos vélos et comme personne ne nous suit, on décide de tourner vers l'Ouest sur la route supposément interdite. On roule comme des malades jusqu'à ce qu'on trouve une bonne cachette pour camper. La bière est bonne ce soir.

Da Qaidam
Deux jours plus tard, on atteint Da Qaidam après avoir roulé contre le vent tout l'après-midi. Épuisés, on prend un bon repas avant de trouver un hôtel. Une fois nos bagages dans la chambre et Amélie dans la douche, la police se pointe, accompagnée par un professeur d'anglais qui traduit. On nous dit que la ville est interdite aux étrangers parce que c'est une base militaire. On nous oblige à déménager dans un autre hôtel choisi et supervisé par la police. Lorsque le branle-bas de combat prend fin, il est minuit et nous sommes couchés dans une prison aux barreaux dorés. Avant de nous quitter, l'interprète nous a bien averti de ne pas traîner dans la ville le lendemain et de ne pas prendre de photos jusqu'à notre arrivée à Dunhuang.

Akesai
Trois jours plus tard dans la ville Kazak d'Akesai, nous nous pensions définitivement sortis de la zone interdite. Les gens de la ville étaient même très sympathiques. Un "international guide" qui travaillait dans la ville nous avait même aidé à trouver un hôtel et à négocier le prix de la chambre. Sauf qu'au matin, Rob se rend compte que "l‘international guide" est plutôt un "international guard", le FBI ou la CIA de la Chine si vous voulez, et qu'il a passé la nuit à veiller dans le lobby de l'hôtel. Il va finalement nous escorter gentillement jusqu'è la limite de la ville.

Toutes ces mésaventures auraient été difficilement surmontables sans la compagnie de Kendra et Rob qui ont pris une part du poids sur leurs épaules. Les avoir à nos côtés nous a aussi permis de penser à autre chose qu'à la police et de vivre des moments vraiment agréables malgré le contexte. Merci! Go the Freeness!

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