Ça y est! Le voyage est terminé, notre billet d'avion pour Montréal acheté. Nous revenons le 30 janvier.
Au total, nous aurons parcouru 26,100 km à travers 15 pays en 18 mois. Nous avons appris à compter dans des dizaines de langues, avons explorer des montagnes, des déserts et les grandes religions, avons tissés des liens avec des gens vivant en Chine, en Iran, aux États-Unis, en France, et avons surtout appris à nous connaître et à nous débrouiller en voyage.
Le plus important dans ce voyage fut les rencontres que nous avons faites, que ce soit des locaux, d'autres voyageurs ou d'autres cyclotouristes comme nous. Un merci particulier aux cyclistes avec lesquels nous avons eu le bonheur de partager quelques kilomètres :
-Kandra et Rob des US avec qui nous avons traversé l'insolite plateau du Qinghai
-Émilie et Clément de la Bretagne qui ont vécu avec nous le froid du Kurdestan turc
-Antoine de la maison en arrière de chez moi qui à traversé comme une balle les Pamirs avec nous
-Christian de Suisse, roulant depuis plus de 4 ans et rencontré maintes fois
-Mélanie et Stephan suisses aussi, avec qui nous avons patiemment attendu nos visas à Dushambe
-Celien et Jeroen de Belgique avec qui nous avons également attendu des visas
-Nicolas de France rencontré une fois en Chine et qui nous a constamment abreuvé de nouvelles et d'information puisqu'il était devant nous.
-Lauretta du Canada rencontrée au Laos
-Manu et Tim de Suède également rencontré au Laos
- et tout les autres.
Au cours du voyage, nous avons été hébergés, ou devrais-je dire accueillis, par beaucoup de personnes. Y'en a tellement que je peux pas tous les nommés. En voici quelques uns parmi les plus importants:
-Miro et ses colocs à Chicago
-Les Wytts de Chesterton, US ainsi que Bob et sa famille de Minneapolis, US
-Christina et Colin de Hong Kong
-Lisa et Dave vivant à Urumqi
-Milad et Yashar ainsi que leurs familles en Iran
Merci également aux membres de nos familles et à nos amis qui nous ont supporté ainsi qu'à vous qui avez suivi notre blogue.
...Bon j'arrête sinon Amé va me dire que je suis pas assez court.
Lâchez donc votre ordi et allez voir un peu le monde en vélo!
lundi 9 janvier 2012
25/12/2011 Les derniers jours
De la ville balnéaire turc de Bodrum, nous sautons en Grèce sur l"île de Kos d'ou nous prenons un bateau vers Piraeus, le port d'Athène. Nous verrons la Grèce en mode course car 30 heures et 240 km plus tard, nous voilà embarqués sur un autre bateau qui quitte Patras pour la ville Italienne de Brindisi.
C'est vraiment une bonne chose de terminer notre voyage en Italie. Les paysages sont merveilleux, les conducteurs respectueux des cyclistes et la nourriture excellente. Il faut seulement réussir à trouver un marché ouvert. Après tout, ne sommes nous pas au pays du cyclisme, de la bonne bouffe et de la sieste. Pendant les derniers jours nous carburons aux moules, au vin et à la pannetone, l'aliment le plus calorique d'Italie, parfait pour les cyclistes que nous sommes avec ses 6000 calories par pain. Notre premier expresso en trois mois nous fait réaliser que le café est bel et bien une drogue. On su et tremble de tout notre corps et ce, pendant toute une journée. L'Italie nous sert une belle leçon. Celle que peu importe tout ce que nous avons vu et vécu lors de cette année et demie, nous pouvons encore être émerveillés par les paysages et les gens qui sont sur notre route. Il faut dire que l'Italie a beaucoup à offrir. Nous faisons d'abord le tour du Puglia, le talon de la botte, avant de franchir les montagnes et de nous retrouver sur la superbe côte d'Amalfi.
Villages en haut des montagnes en Campagnia
La pointe amalfitaine et Sorrento en vue. Nous voyons pour la première fois notre destination finale. Moins de 80 km avant de descendre définitivement de nos vélos.
Olives et montagnes en Campagnia
Notre dernière nuit dans la tente, avec la mer, Napoli et le Vésuve à l'horizon. On a le coeur qui déborde. La tente va nous manquer. C'était après tout notre maison pendant 18 mois.
La côte d'Amalfi pas trop mal pour finir un voyage autour du monde en vélo.
Nous arrivons enfin à Sorrento le 25 décembre au matin, chargé comme le père Noel mais en plus sale (15 jours sans douche, 30 sans lavage). C'est qu'on transporte tout ce qui faut pour un souper de Noël pour 6 bien réussi: 4 kilos de moules, 6 kilos d'alcool, 4 kilos de patates, 2 kilos de pannetone, etc. Nos vélos souffrirons jusqu'au dernier kilomètre avec tout ce poids. Et voilà que la famille d'Amélie arrive. Une belle retrouvaille. Francine me demande ce que j'ai le plus aimé...comment répondre? "En tout cas ça va être toute une adaptation de revenir à Montréal", Amé et moi on se regarde. Je pense qu'on est prêts pour cette aventure là aussi.
Le 2 juin 2010, nous partions pour trois mois faire le tour du Canada. Un an plus tard nous étions en Chine avec l'idée de revenir à Montréal à partir du Japon. Un an et demi plus tard nous voilà à l'autre bout du monde. Qui sait ou l'aventure qui nous attend à Montréal nous conduira.
samedi 10 décembre 2011
10/12/2011 Les deux mondes
Aller sur la côte sud de la Turquie après trois semaines dans le Kurdestan c'est être témoin de la dualité de ce pays. On passe d'une région pauvre, rurale, à la limite de la guerre civile pour se retrouver sur le bord des plages, entourés de clubs, de bateaux et de voitures luxueux et de supermarchés 24h. Comment ces deux mondes peuvent-ils se comprendre, se complémenter? Lorsqu'on parle d'ou on vient aux Turcs de la côte et qu'on désigne l'endroit comme du Kurdestan, ils semblent agaçés. Ils y tiennent mordicus, le Kurdestan n'existe pas, c'est la Turquie. Pourtant, comment pourrait-on trouver des similarités entre ces deux régions. Je me demande si ce n'est pas un peu comme comparer le mode de vie dans la vallée du St-Laurent à celui sur la Baie d'Ungava...
Nous n'aurions pas pu choisir un meilleur moment pour visiter cette côte. C'est vrai que certains jours sont plutôt froids et que la mer pourrait être plus chaude. Par contre, les stations balnéaires sont désertes, les routes tranquilles et surtout, nous sommes en pleine saison des récoltes. Nous campons une nuit sous les citrons, une autre sous les amandes, puis les oranges, les pamplemousses, les clémentines, les pommes grenades, les olives, les bananes, les pistaches, etc. Pourtant, en dehors des grandes villes on peine à trouver de quoi manger. C'est qu'ici la nature donne tant que les habitants se nourrissent presque exclusivement de leur jardin. On arrive pas à trouver de supermarché. Après tout, comment feraient-ils leur argent? L'argent perd justement de son utilité dans les petites communautés de la côte. Nous sommes restés chez une dame. À 8h, elle va chercher les oeufs pondus et les fruits et légumes de son jardin puis va chez ses frères et soeurs en distribuer une part. À 9h son frère apporte un litre de lait frais. Plus tard une soeur arrive avec des amandes et des oranges de sa cour. Si elle veut du miel, elle va voir son cousin dans la montagne, etc. Le troc existe donc pour de vrai et est organisé sur une structure familiale ou de village.
Je sais que je décrit ici une vision idyllique de la vie en campagne. Je ne parle pas des durs journées de labeur, ni des marriages entre cousins et des problèmes de cosanguinité qui sont plus qu'apparent, ni de l'analphabétisme généralisé ou de la montée du fanatisme religieux. Mea culpa. N'empêche que lorsque cette dame, Gülay me dit:"Ce que j'aime c'est mon village. Si j'ai ma famille comme voisin et les fruits et légumes de mon jardin sur la table, alors je suis heureuse", je ne peux que consentir.
Et puis vous n'avez pas à aller bien loin, une dizaine de kilomètres tout ou plus, à Alanya, Antalya ou Bodrum, pour vous retrouver dans une jungle de condos de luxe et de bijouteries ou les retraités allemands viennent dépenser leurs fonds de pension en attendant que le dernier tiers de leur vie s'écoule. Ils vont dans des supermarchés pour y acheter du fromage, des muslies et peut-être quelques pommes enroulées de multiples couches de pellicule plastique. L'argent perd de son sens disais-je à propos du village de Gülay. Mais lorsque tu es plein aux as, avec ta jaguar, ton condo sur la plage, ton bateau avec équipage et tes 75 ans, en est-il autrement?
Oui, sur la côte sud il y a beaucoup d'Allemands mais aussi des Turcs qui vivent à Istanbul et on une maison de vacance sur la plage. Eux aussi sont riches à craquer, éduqués et libres. Alors Amélie et moi nous demandons comment ce pays fait pour fonctionner avec tant d'inégalités et de disparités au sein de sa population. Une élite d'Istanbul prête pour l'union européenne et le cultivateur kurde vivant en quasi atarcie ...Les réponses à ces questions se trouve peut-être dans le village de Gülay qui est justement mariée à un retraité allemand au portefeuille bien rempli. Un homme très intelligent mais un peu isolé qui nous explique des preuves mathématiques pour le plaisir. Avec qui pourraient-ils discuter mathématique dans ce village? Pour moi, le mystère qui planne sur la Turquie, c'est le même que celui qui planne sur ce couple. Une magie ou force surnaturelle qui fait que ces deux mondes réussissent à vivre ensemble.
Avec Kunno et Gülay
10/12/2011 Dix photos de la côte turc
Couchsurf à Mersin chez Orhan qui accueillait au même moment deux Syriens. Marathon de pizza, de porc, de bière, de tcha-tcha (une sorte de grappa georgien), et longues séances de karaoké en perspective. I will survive!
Chateau de Kizkalesi sur une côte très développée. Une chance qu'il n'y a pas trop de touristes en cette saison.
Une famille turc occupée comme elle peut l'être en saison des récoltes. Toute la famille met la main à la pâte pour aider. Une fois toute les olives récoltées, le père ira, le camion chargé d'olives à la fabrique d'huile du village faire presser sa marchandise. Il reviendra chez lui avec de gros tonneaux remplis, de quoi tenir la prochaine année. Les plus grosses olives sont trempées dans l'eau dix jours pour éliminer l'acidité après quoi elles baigneront dans de la saumure. Ensuite, ne reste plus qu'à manger. Nous aussi on a décidé de faire nos olives, je transporte un petit pot de yogourt rempli d'olives et je change l'eau à chaque jour. J'espère que ça va fonctionner.
Le château de Namure, catch me if you can!
Antalya et le ciel violet qu'on admire matin et soir. Lorsque le violet rempli notre tente, nous savons que de tous les minarets de Turquie s'élèveront les chants de prière. Ce sera alors le moment pour nous de nous lever ou de nous coucher.
Sur la côte turc, il y a des ruines grecques et romaines absolument partout. À chaque visite de ruines, j'ai Serge Robillard, mon prof de latin en tête et les choses me reviennent: le fonctionnement des aqueducs, des thermes, les théâtres, les types de colonnes et de frises, l'empereur Damien (son préféré), etc.
Les chimères, haut lieu de la mythologie grecque situé à Çirali. Qui a fasciné et qui fascine encore. Un ensemble de flammes jaillissant des pentes rocheuses de la montagne. C'est chaud, lumineux et surtout éternel...
Enfin je peux vous montrer mon corps de dieu grec. En fait, l'eau est plutôt froide. Mais après une dizaine de jours sans douche, il faut faire des sacrifices pour rester propre.
Un ensemble de sources thermales et de bains de boue sur les rives du lac Koycegiz à Sultaniye. Un coin de paradis oublié ou les romains venaient tout comme nous se détendre.
C'est pas pour rien que la Turquie est le royaume du baklava. Il y a des ruches absolument partout, particulièrement dans les montagnes. Humm!
dimanche 27 novembre 2011
14/11/11 Entre Francos
Malgré les fenêtres givrées de notre hôtel et les cîmes enneigées qui tournent au-dessus de nos têtes, Tatvan est une ville chaleureuse. C'est comme si tout le dynamisme de la région, chassé par le froid, s'était réfugié ici: les boulangeries, les kebabs, les vendeurs de noix et de thé, les marchands de légumes qui vendent des choux tellement gros qu'on pourrait envelopper trois bébés dans la feuille extérieure. Tout ici a une couleur et une saveur.
"Baklava"
"Ekmek"
"Le volcan Nemrut et le lac Van qui cohabitent avec la ville"
On en a marre de geler. Les doigts mauves de Clément saignent maintenant en permanence. Bientôt, ils vont tomber. Pour les prochains jours, la priorité c'est de SORTIR DU FROID. Alors, on roule comme des bêtes. On passe à Bitlis comme des éclairs. Ça ressemble au Vieux-Québec. On descend et il fait moins froid: alors, au lieu d'avoir de la neige qui nous tombe dessus, c'est de la pluie.....
Le mauvais pavement turc et le froid ont tué les pneus de nos deux Bretons. Ils doivent ainsi passer de longs moments sous la pluie à réparer des crevaisons. Ils nous envoient de petits mots par camion pour nous avertir.
"Message de Clément envoyé par camion"
"Les routes turques sont généralement en bon état mais le choix du revêtement, de la petite roche (gravel) imprimée sur une couche de bitume est particulièrement rude pour les vélos et les cyclistes. Lorsque la route vieillit, la petite roche (gravel) se détache du bitume et à chaque camion, on recoit une pluie de roches"
Nous avions souvent entendu parler d'eux, toujours un peu en avant ou un peu en arrière de nous, jamais sur notre route. Nous tombons enfin sur Émilie et Benjamin ( http://www.a-tour-de-roues.fr/), deux autres cyclistes français. Tout comme nous, ça fait un an et demi qu'ils roulent. Ils sont entrés en Turquie en compagnie de deux amis suisses qui les escortent en caravane.
On fait plus ample connaissance à Dyarbakir, capitale du Kurdestan turc. La ville est dans un drôle d'état. C'est la fête nationale et toutes les boutiques sont fermées. Les gamins font la loi dans les rues, lançant des pétards sur les touristes et maniant la mitraillette chinoise en plastique mieux que le ferait James Bond. Dans les ruelles, les chiens osseux zigzagent entre les feux de déchets alimentés par les femmes tandis que les hommes boivent le çay à même la rue, assis sur de petits tabourets de bois en jouant au Romi. C'est un peu lugubre.
"Le lac créé par le barrage d'Ataturk. C'est la source de l'Euphrate, célèbre cours d'eau qui s'écoule par la suite vers l'Iraq"
N'y a-t-il pas un dicton qui dit :" un cycliste de perdu, deux de retrouvés". Clément nous quitte pour un bref séjour en France, une deuxième Émilie et Benjamin se joignent au peloton lors de notre deuxième rencontre au pied d'un autre mont Nemrut. Pourrons-nous atteindre le sommet cette fois? Oui mais de justesse car le lendemain de notre passage, il neige et la route vertigineuse qui y mène est fermée (peut-être pour de bon). Tout en haut, il y a une sorte de tombeau conique qui forme le point le plus haut de la montagne. Le tombeau est entouré de plate-formes et de statues de dieux égyptiens et grecs. Nous arrivons juste à temps pour le coucher du soleil.
Rouler à cinq ne durera pas longtemps. Nos routes se séparent à nouveau (ou peut-être qu'ils en avaient assez que je les conduise dans des champs boueux pour camper). Émilie la bretonne reste avec nous. Nous avons promis a Clément de prendre soin d'elle. Pôôôvre Émilie! Pas facile de vivre à trois dans une tente pour deux, d'avoir à décoder notre Québécois tout le temps et de devoir suivre la cure de sommeil qu'Amélie lui impose. Je suis pris entre Amélie et Émilie. L'une dort plus de 12 heures par nuit tandis que je surprends l'autre à lire un roman à la lumière de sa frontale à 3 heures du matin en attendant que le soleil et Amélie se lèvent.
Elle s'ennuie de Clément ..et nous aussi. Plus personne pour faire la vaisselle au petit matin ni pour nous lâcher des bombes puantes en plein milieu d'un repas. On peut même plus jouer à la Coinche! Le 13 novembre arrive la délivrance d'Émilie. Clément atterrit bientôt à Istanbul et elle doit se catapulter là-bas. On lui trouve un camion qui s'en va dans cette direction et la voilà partie. Elle fonce vers son amoureux à 100 km/h. Dans une heure, elle sera là où nous arriverons dans deux jours de vélo. Nous restons là sur l'accotement, le coeur gros, entre bûcherons. Ça y est, il n'y a plus de Francos!
"Bye bye Émilie"
mercredi 2 novembre 2011
02/11/2011 Kurdestan blanc
Notre passage dans le Kurdestan turc ne pouvait pas plus mal tomber. Il vient d'y avoir un tremblement de terre de magniture 7,2 près de la ville de Van. Les Turcs ont bombardé le Kurdestan irakien récemment et il y a aussi eu des accrochages violents entre soldats turcs et kurdes dans le Sud. On est donc un peu sur nos gardes. À la frontière de Sero, la pluie se met à tomber, puis la neige. Le mercure descend.
"Clément en tchador!!!!!"
Au cours de nos six premiers jours en Turquie, il n'y aura pas une seule journée sans neige. Il fait froid, très froid, surtout en haut des cols de plus de 2 500 mètres. La première nuit, on recoit 10 cm de neige collante et notre tente s'écroule sous le poids. Je me réveille donc le nez collé au plafond de ma tente. Je ne sais plus ou je suis. Heureusement que nous sommes quatre, nous apportant chaleur et motivation. Cela compense pour les Kurdes qui nous font des signes qu'il fait froid en nous pointant le prochain col enneigé. Ils nous prennent définitivement pour des fous.
"À 2 700 mètres"
Quand même, nos efforts sont récompensés par de magnifiques paysages. Le lac Van est tout bleu et la terre ne tremble pas. Il n'y que nous qui tremblons (de froid) pour l'instant. Nous voilà dans la ville de Tatvan, juste à l'ouest du majestueux lac.
28/10/2011 - Accident, Téhéran, bye bye Iran
On n'avait vraiment pas l'intention d'aller dans la jungle d'autoroutes et d'échangeurs qu'est Téhéran mais nos plans ont changé brutalement lorsqu'à 16h le mercredi 19 octobre, dans la région d'Hamadan, une Peckon (la voiture nationale construite comme un char d'assaut) emboutit l'arrière de mon vélo sans crier gare. On nous avait dit que les iraniens étaient d'exécrables conducteurs mais cette fois, c'est confirmé. Parlez-en à mon épaule droite qui a violemment défoncé le pare-brise de la voiture après une glissade sur le capot.
Malgré les apparences, je m'en sors pratiquement indemne. J'ai seulement quelques éraflures dues aux nombreux tonneaux faits en roulant vers le fond du fossé de la route. Lorsque je fais mon atterrissage final sur les fesses et pousse un cri d'effroi (et non pas de douleur), Amélie décide de laisser tomber l'étiquette iranienne et me prend dans ses bras en me couvrant de baisers. Non, heureusement, je n''ai presque rien. Par contre, mon vélo a changé de look. Ma roue arrière toute neuve, livrée récemment via Antoine-Express, a épousé la forme du pare-choc; le cadre du vélo a donc fait le grand écart pour laisser la laisser finalement sortir.
Je vous passe les détails de l'ambulance, l'hôpital, la négociation du dédommagement avec le conducteur de la voiture et finalement toute la paperasse au poste de police. La police secrète nous récupère au bout du tunnel. Ils nous interrogent courtoisement avant de décider d'essayer de nous aider à réparer le vélo, courtoisie iranienne oblige. On fait le tour des magasins de vélo aux alentours d'Hamadan, près du lieu de l'accident. Rien n'y fait. À court de solution, la police nous met dans un autobus pour Téhéran avec l'espoir de trouver moyen de réparer le vélo endommagé.
Nous voilà donc épuisés, dans un bus pour Téhéran, sans plans et avec en soute un amas de ferraille et beaucoup de bagages. Les taxis de Téhéran vont nous dévorer. On se rappelle alors que notre ami Yashar de Mashhad étudie à Téhéran et on décide de l'appeler. En moins d'une demie-heure, il nous trouve un endroit pour y loger et nous laisse savoir qu'il est en route pour nous accueillir au terminal d'autobus. Il nous envoie un SMS: "Don't worry, everything is under control".
Ainsi, on va passer notre séjour à Téhéran en compagnie de Milad, un de ses amis, et sa famille. Milad nous aidera à réparer le vélo en plus de prendre grand soin de nous, massage compris. Ce gars-là, c'est une perle. Lui et Yashar m'organisent même un surprise-party pour souligner ma fête. Une semaine plus tard, lorsqu'on se dit au revoir dans un autre terminal d'autobus, nous avons le coeur gros et on ne peut retenir quelques larmes. Ces iraniens nous auront vraiment touché au coeur.
On arrive à Orumiyeh, ville dans l'extrême ouest de l'Iran. On y retrouve nos amis francais, Émilie et Clément, avec qui nous prévoyons rouler en Turquie. Notre dernière nuit en Iran se passe chez une famille Aziris (d'Azerbayjan) qui nous emmène à un mariage kurde et également à un mariage Aziris dans la même soirée.
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