Le 3 janvier 2011 au matin, nous débarquons à Xiamen, une ville complètement remastérisée à l'occidentale avec des boulevards propres et larges, des parcs et des gratte-ciels imposants. En roulant, j'aperçois un chinois au pied d'un hotel de luxe tirant à mains une charrette en bambou remplie de gravier. En cette image s'explique toute la dualité chinoise. Modernité et prospérité d'un côté de la rue, le tiers monde de l'autre.
Après une journée de repos, on décide de quitter Xiamen et de rouler à travers les montagnes du Fujian. Tout le bord de la côte est très industrialisé avec parfois des villes dortoirs possédant d'immenses tours d'habitations. Par contre, dès qu'on va vers le nord, dans les montagnes, on rentre dans un monde rural dans lequel chaque parcelle de terre est cultivée, même si cette parcelle est juchée au sommet d'une montagne. Quelque soit la région traversée, tout le monde fait pousser des pomelos. Imaginez les Appalaches complètement défrichées et terrassées, dédiés en totalité à la monoculture d'un gros agrume à mi-chemin entre un pamplemousse et une orange.
Les villages sont généralement assez rapprochés les uns des autres. Les habitants sont sympathiques et accueillants. Presque chaque fois qu'on s'arrête pour acheter quelque chose, manger ou consulter notre carte, des petits attroupements se créer autour de nous. On s'imagine qu'ils doivent jaser de mes poils et du long nez d'Amélie. Les gens ont également un grand sens de l'hospitalité. On se fait régulièrement inviter à manger et plus souvent qu'autrement, les patrons des restaurants réduisent notre facture ou refusent carrément de nous faire payer.
La Chine en chantier, c'est une tâche colossale à accomplir avec un manque d'expérience, de qualifications et d'équipement combiné à une main-d'oeuvre abondante et bon marché. Ci-dessous, quatre hommes plantant un poteau électrique en béton centimètre par centimètre, à l'aide de cordages et de bâtons en bambou. Une besogne qui peut prendre plusieurs heures.
On se fait régulièrement inviter à prendre le tcha (thé), ici avec des travailleurs de chantier. On boit rapidement en se regardant sans trop se comprendre et en grignotant des prunes confites ou bien des olives amères. Les Fujianais ont vraiment une méthode charmante de servir le thé mais je renonce a essayer de vous la décrire.
On s'engage dans une petite route dans les montagnes censée nous conduire en plein coeur de la civilisation Hakka. La route se transforme rapidement en un chemin de boue puis on roule sur la roche-mère avant de décider de mettre pied à terre et de pousser nos vélos. Plus loin, la route est bloquée parce qu'ils font des travaux de terrassement. On attend une heure puis ils nous laissent finalement passer. Un peu plus loin, la route est de nouveau bloquée suivi d'une attente de 2 heures et on passe. Un peu plus loin, route de nouveau bloquée.
Finalement, lorsque la noirceur et le froid sont bien installés dans la montagne, ils nous déblaient la route pour une troisième fois et nous laissent passer. On a roulé 30 km, attendu 4 heures en regardant des pelles mécaniques et la prochaine ville est beaucoup trop éloignée pour s'y rendre. De toute façon, on ne peut pas rouler dans la noirceur sur une route de roches et de boue. C'est l'fun la Chine!
En nous voyant marcher avec nos lampes frontales sur le front, une famille de cultivateurs nous invite a manger et à nous reposer chez eux. C'est vraiment la campagne chinoise. Pas d'eau courante, pas de chauffage, pas de toilette mais des gens souriants et aimables. La petite maison cohabite trois générations de chinois emmitouflés dans leurs manteaux, serrés les uns aux autres. On passe une belle soirée avec eux à boire le tcha. Ils nous proposent de dormir au deuxième étage de la maison voisine qui est inhabitée et qu'ils utilisent comme grange. Dans l'une des chambres, il y a un lit comme ceux que l'on retrouve dans les musées et qui étaient autrefois donner en guise de dote au nouveau marié.
Au matin, après un déjeuner copieux, nous retrouvons espoir en roulant sur une route exempte de travaux et tout juste complétée. On roule toute la journée heureux de savoir à peu près à quel endroit nous sommes rendus (hier, nous étions un peu angoissés). En fin de journée, on aboutit sur une route étrangement familière. Nous sommes en fait revenus 5 km en amont d'une intersection prise la veille au matin. Nous qui pensions avoir roule un bon 100 km vers le nord, nous avons plutot fait une belle boucle dans les montagnes. Mais bon, on a vu ce que nous voulions voir dans les montagnes. Retournons a la civilisation maintenant!
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